Comme chaque année lors du salon Rétromobile, une vente aux enchères est mise en place au sein du Pavillon. Pour la quatrième année consécutive c’est la maison française Artcurial qui s’en occupe. Et pour cette 40ème édition de Rétromobile, Artcurial a fait les choses en grand ! En effet, en plus des lots habituels (158 cette année), une très grosse collection s’est greffée à la vente. Une des plus importantes collections « sortie de grange » découvertes en France et même dans le monde, celle de Roger Baillon. Artcurial a mis en vente 59 voitures découvertes aux alentours de Niort (79) et dont les médias ont beaucoup parlées pendant plusieurs mois. Plus de détails plus bas dans le reportage La totalité de la vente 2015 a explosé les records, et aura probablement du mal à faire mieux pour les précédentes éditions. En effet, 89 % des lots ont été vendus pour un total d’environ 46 millions d’euros dont 25 millions rien que pour la Collection Roger Baillon.

Je commence tout d’abord ce reportage par les lots plus « habituels » et notamment plusieurs Lamborghini qui étaient proposées. Installées l’une à côté de l’autre, les 3 modèles sont relativement rares sur nos routes ou évènements. La plus courante des trois, l’Espada, s’est vendue 178 640€. Ce châssis 9110 n’a eu que deux propriétaires dont le premier l’ayant gardé de 1973 à 2013. La rouge, une 400 GT Jarama de 1972 et produite à seulement 350 exemplaires a été acheté aux Etats-Unis avant d’arriver en Europe en 1993. Elle possède l’option toit ouvrant, très rare (vendue 113 240€). Et enfin, un modèle surement très méconnu, le LM002. Cet énorme 4x4 sorti en 1986 dispose d’un V12 de 450 ch. Il a été conçu à la base pour répondre à l’appel d’offre de l’armée américaine en 1977 pour un engin militaire, c’est le célèbre Humvee qui sera retenu. Cette version de série a été vendue à seulement 301 exemplaires. Le châssis ZA9L00000YLA12114 présenté ici n’a parcouru 31 000 km et est parti pour 143 040€.

Ensuite, une des principales attractions pour moi. Une magnifique Aston Martin DB7 Zagato entourée de deux impressionnantes Jaguar XJ220. La DB7 Zagato mise en vente ici est pratiquement neuve, elle n’a parcouru que 1500 km depuis son achat en Allemagne en 2002. Ce châssis SCFAE22363K700009 reçoit la 9 ème carrosserie Zagato et a trouvé un acheteur à 274 160 € grâce à son état irréprochable. Pour information 99 exemplaires clients ont été assemblés, plus un destiné au Musée Aston Martin.

Concernant les Jaguar XJ220. Deux châssis ayant parcouru peu de kilomètres. La première, la bleue, n’a en effet parcouru que 813 km et n’a même jamais été immatriculée. Le propriétaire l’avait achetée uniquement pour esthétique et l’avait entreposée dans son parking souterrain à Paris, la voiture était tout de même démarrée 4 fois par mois. Ce châssis n°27 s’est vendu 290 000 €. La seconde, châssis SAJJEAEX8AX220875 (N°26) a quant à elle parcouru 11 000 km et s’est vendue 257 520 €. Cette voiture était repartie sans acheteur lors de la vente organisée au Mans Classic en 2014 (reportage ici).

Côté Italiennes, quelques Ferrari étaient mises en vente. Cette sublime 275GTB/2 Long Nose de 1966 (châssis 8641GT) ayant appartenu à Roger Vadim et Jane Fonda n’a pas trouvé preneur (estimée 2.75 à 3.25M d’€). Une rare 365 GT4 BB (#17955) dans un magnifique bleu s’est quant à elle vendue 482 760 €. Deux éditions limitées plus modernes étaient présentées, une 550 Barchetta de 2001 (N°224 sur 448) et une 599 GTO de 2011 (#179433). Elles se sont vendues respectivement pour 274 160 € et 441 040 € (pour seulement 2943 km !).

Plusieurs Porsche originales étaient elles aussi à observer. Notamment une 356 B de la Gendarmerie de Vienne, malgré cette originalité et rareté, la voiture n’a pas trouvé d’acquéreur. Ensuite, toujours de nombreuses 911 disponibles, dans différentes couleurs et configurations, dont de nouveau une Speedster TurboLook. Ce châssis WPOEBO914K5173023 de 1989 a passé pratiquement toute sa vie en Californie, jusqu’en 2008. Vendue 143 040 €. En enfin un coup de cœur pour la 993 CUP GT2 de 1995. Celle-ci a participé à la Carrera Cup en Allemagne en et plus récemment à la mythique course de Pikes Peak (2014). Partie à 121 800 €.

Les 300 SL sont bien sûr toujours présentes ! Deux exemplaires cette année, évidemment une Gullwing/Papillon et une Roadster. Maintenant grise et blanche, elles étaient à l’origine Rouge et Bleu Marine. La version Papillon de 1955 (châssis 198.040.5500278) est restée invendue mais la Roadster avec Hard-Top de 1957 (châssis 198.042.7500351) a trouvé preneur pour 929 760 €.

Tous types de collectionneurs et passionnés peuvent être comblés lors d’une vente aux enchères Artcurial. En effet de nombreuses marques très connues ou méconnues sont proposées, et pour des budgets très variés. A l’image de la Mustang 289 Fastback vendue 38 144 € ou à l’opposée la Bizzarrini 5300 GT Strada de 1968 vendue 1 244 400 €. Plus méconnue encore la Moretti 1200 Spider Michelotti de 1955, estimée 350k à 450k €, elle est restée invendue. A découvrir également une sublime Iso Grifo rouge, deux Peugeot 402 Eclipse. Et enfin une surprenante Amphicar ou une monstrueuse BMW M1 Groupe 5.

Mais Voici maintenant le clou du spectacle ! La découverte qui a fait parler les médias du monde entier pendant des mois, la fantastique Collection Roger Baillon. En effet les spécialistes automobiles de Artcurial ont été conviés fin septembre 2014 à découvrir et estimer une impressionnante collection « sortie de grange ». Plus d’une cinquantaine de voitures et camions étaient abandonnées dans la nature près de Niort (79), sous de simples toits en tôles, depuis des dizaines d’années. Et pas n’importe quelles voitures, de véritables pièces de collection, rares et chères.

Pour bien comprendre l’histoire de ces voitures voici quelques explications sur le créateur. Roger Baillon possédait une entreprise de transport créée en 1944. La société devient une véritable réussite, grâce à ses 200 employés, et c’est à partir de 1952 que Roger Baillon se passionne pour les voitures anciennes. Avec son fils Jacques il se met alors à amasser de nombreuses voitures, quel que soit l’état, parfois même des épaves, et les entassent dans sa propriété. L’objectif des deux hommes étant, d’ici quelques années, de remettre en état les autos et d’en faire un musée. Près de 200 voitures sont ainsi achetées jusqu’en janvier 1978. C’est à ce moment que la société cesse son activité suite à la perte d’importants contrats. Plusieurs ventes aux enchères sont donc organisées et la moitié de la collection est dispersée. Le reste fini par être abandonné et presque « oublié ». Puis suite à la disparition de deux hommes en 1996 et 2013, les héritiers redécouvrent avec surprise la collection et notamment la Ferrari 250 California Spyder et la Maserati A6G 2000. Ces deux dernières étant les mieux conservées, les seules ayant passé leur vie à l’abri dans un garage sous des milliers de journaux. Les enfants et petits-enfants décident donc de contacter Artcurial Motocars pour organiser cette vente aux enchères historiques.

Voici plus en détail les deux stars de la collection Baillon, la Ferrari 250 California Spyder châssis court et la Maserati A6G 2000 Gran Sport par Frua. Je commence directement par le prix de vente époustouflant de la Ferrari, 16 288 000 €, un record ! Ce tarif se justifie par cette incroyable histoire, mais en plus par une vie très interessante passée avant l'abandon. En effet, ce châssis 2935GT fut exposé au Salon de Paris de 1961 puis acheté par de nombreux acteurs et personnalités (dont Alain Delon), tout ceci en voyageant à travers le monde avant son achat en novembre 1971 par Jacques Baillon. L'acheteur a, par chance, annoncé qu'il conserverait au maximum l'authenticité de la voiture.

La Maserati a elle aussi été exposée au Salon de Paris, mais en 1956 sous les verrières du Grand Palais. La collection Baillon l'accueille en 1959. L'A6G 2000 a été assemblée uniquement en 60 exemplaires, dont seulement 4 avec cette Carrosserie Frua. Vendue ici à 2 010 880 €.

Par chance ces deux voitures ont été les seules à être stockés dans un garage, évitant tout contact avec la nature. Une montagne de journaux était entassée dessus, ce qui explique le creu présent sur le coffre de la Ferrari.

D'autres modèles ont également fortement attirés mon attention, par leur design ou leur état et sont eux aussi partis à des sommes folles. Tout d'abord une Delahaye 235 Chapron châssis 818080 vendue pour 119 200 € et une Facel Excellence pour 185 600 €.

D'autres Ferrari faisaient parties de la vente. Des modèles plus récents et mieux connus du grand public, comme la 308 GTSi, la 400GT ou une Mondial avec laquelle Jacques Baillon a même participé à l'évènement "Ferrari contre le cancer" au Vigeant.
Passons également à un autre modèle très connu, l'unique Porsche de la vente, une 356 SC vendue 89 400 €.

Voici ci-dessous deux autres pièces maitresses proposées à la vente et dont les prix se sont rapidement envolés eux aussi. Tout d'abord, la Talbot Lago T26 Record Cabriolet par Saoutchik de 1948 (745 000 €) et une sublime Bugatti Type 57 Ventoux de 1937 (298 000 €).

Je vous laisse maintenant découvrir tout le reste des photos prisent dans ce hall dédié à la vente aux enchères de la Collection Baillon. Si vous souhaitez plus de détails, je vous conseille de consulter par ici le catalogue : Catalogue Artcurial

Espérant que vous avez apprécié les photos de la vente, je vous invite également à découvrir les photos du salon Rétromobile par ici : Photo Reportage du salon Rétromobile 2015